[Vol. 007 | 2010] Séminaire de réflexion sur les objectifs et les spécificités de l’EB

Liens entre l’Encyclopédie berbère, la préhistoire récente et la protohistoire en Afrique septentrionale

par Colette ROUBET et Slimane HACHI

 

Cette vaste entreprise conduite par les Professeurs G. Camps et S. Chaker a pour objectif de préciser les fondements de l'autochtonie du monde berbère ainsi que les continuités et les discontinuités qui l'ont affectée à l'aide de multiples données croisées.

La Préhistoire récente et la Protohistoire de l'Afrique septentrionale puisent dans un répertoire de traits essentiels établis, divers éléments ayant un rôle décisif dans la transmission. Les exemples remonteraient à 22.000 cal BC au moins. Ils concerneraient le choix de sites et de contextes régionaux, celui de mots techniques impliquant des comportements transmis, ou de faits récurrents ayant eu un impact sociétal étendu et durable. En témoignent aussi des représentations historiées, gravées ou peintes, des modes d'inhumation, des pratiques cultuelles, des traits architecturaux spécifiques, tous patrimoines matériels et immatériels que font revivre les mythologies et que l'oralité à parfois transmis.

Après un exposé du schéma général des notices en Préhistoire, adopté dans l'EB, trois exemples permettront de suivre la démarche précisant le comment et le pourquoi de cette quête.

 

Schéma général. Chronologie et thématiques en préhistoire depuis 22.000 cal BC

 

Quel est le rôle d'un site préhistorique au contenu exceptionnel ? La fonction d'une fouille multidisciplinaire est d'apporter une documentation d'où l'on tirera les données anthropiques et environnementales établissant :

  • Les fondements d'un enracinement multimillénaire de populations ayant transmis leurs traits essentiels anthropologiques, génétiques et comportementaux aux populations autochtones sub-actuelles.
  • Les constituants et les caractéristiques des paléo-biotopes, disparus ou transformés.

L'objectif est de connaître puis de valoriser un ensemble patrimonial à partir d'un site archéologique-clé, privilégié dans une région, de préciser ses potentialités et la biodiversité originelles, en s'appuyant sur des faits enfouis dans le sol, méthodologiquement dégagés lors de fouilles, représentant pour les uns des activités anthropiques, et pour les autres des évènements naturels contemporains climatiques etc., tous bien établis et intégrés au séjour des hommes. Pourquoi ?

  • Pour ouvrir à l'avenir des perspectives de soutien à un développement moderne, économique et social, maîtrisé, fondé sur la régénération de ressources naturelles renouvelables (à partir de la connaissance des patrimoines naturels).
  • Pour retrouver l'identité naturelle d'une région, assurer une évolution contrôlée des paysages. Trouver un nouvel équilibre moderne pour un autre « vivre ensemble ».

 

Sources documentaires utilisées

  1. Données territoriales du site préhistorique : topographie, géologie, minéralogie, hydrologie, etc., autres ressources de l'environnement.
  2. Aspects du milieu sédimentaire préhistorique : caractérisation (stratigraphie, micromorphologie, minéralogie, colorimétrie, apports biologiques directs ou indirects, taphonomie, etc.). Données chronologiques relatives et absolues, locales ou voisines.
  3. Aspect et nature du contenu d'une vie matérielle préhistorique, privée, publique, structures des espaces occupés, déplacements.
  4. Aspects d'anthropologie physique et sociale : types humains, composition du groupe humain, et appréhension de ce groupe à travers les données funéraires, et autres éléments du fonctionnement des structures d'une société (objets, offrandes sépultures individuelles, collectives).
  5. Représentations graphiques sur parois et/ou objets mobiliers renvoyant des préoccupations des groupes humains préhistoriques : données sur la chasse, la faune présente, données symboliques, perception d'une communication, d'un « vivre ensemble ». Essai de signification d'un récit, liens avec un vécu partagé et transmis.
  6. Rôle du site occupé : fonctions, durée, quelle population, quel objectif, quelle organisation collective? Statut social du groupe, d'un individu, réseau de communication, de circulation. Perception du site comme un conservatoire naturel et anthropique exceptionnel d'un terroir originel.
  7. Evaluation et actualisation de la documentation.
  8. Mots-clés dans l'EB en relation avec le site, son contenu, ses spécificités, ses liens.

 

 

Exemples choisis dans une perspectives chronologique

 

Les Babors et l'Ibéromausurien d'Afalou Bou Rhummel entre 22 - 11.000 cal BC, d'après C. Arambourg (1927-32) et S. Hachi (1983-99)

 

Les informations insistent sur le caractère exemplaire du lieu géographique choisi par les différents groupes humains installés dès le 20e millénaire dans tout les Babors, et non pas dans les seules grottes d'Afalou, de Tamar Hat ou de la Madeleine voisines. C'est le réseau karstique tout entier qui fut investi, versant méditerranéen et versant tellien méridional réunis.

Les informations réunies insistent aussi sur la transmission :

  • D'un patrimoine génétique : celui de la population de Mechta-Afalou, Cro-Magnons Africains, présente à la même époque en région nilotique (Egypte-Soudan). Elle constitue les premiers autochtones enracinés en AFN, maintenus jusqu'à l'Actuel (Guanches des Iles Canaries, Rio de Oro) (études génétiques à développer). Les Mechta-Afalou seraient eux-mêmes issus de l'Homme de Dar Es-Soltane (Maroc) ; ce dernier n'étant pas sans liens avec l'Atlanthrope.
  • De liens culturels : ceux-ci apparus et maintenus au Maghreb entre 22-11.000 cal BC à l'intérieur de la culture Ibéromaurusienne sont représentés par des comportements et des rituels typiques, transmis. Certains furent partagés durant l'Holocène (9.000-6.000 cal BC) avec d'autres populations, celles de Proto-Méditerranéens, de culture Capsienne (cf. cas suivant).

Une identité ibéromaurusienne est ainsi née et s'est transmise depuis la Libye au moins jusqu'au Maroc saharien atlantique, et depuis les régions telliennes jusqu'aux confins atlasiques. L'héritage matériel et immatériel, recueilli dans la nécropole d'Afalou Bou Ruhmmel (unique pour le Maghreb oriental, pour l'instant), s'est révélé avoir été puissant et fédérateur à l'extérieur, porté par une organisation structurée de la société des vivants et des morts. Les comportements symboliques reconnus témoignent d'une conscience dans l'au-delà, du respect du défunt, d'un réseau social étendu. La fonction de démiurge est apparue soudainement installée, résultant de la création, par modelage en argile, de figurines extraordinairement précoces, dont la fonction de substituts d'êtres vivants anthropomorphes et zoomorphes fut évidente, originale.

Des chasses au mouflon fréquentes ayant remplacé les battues aléatoires pourraient avoir conduit à l'acquisition de connaissances sur l'éthologie des Caprinés sauvages. (Rappel des tests d'apprivoisement du mouflon dans l'Acacus libyen, durant l'Holocène). La création d'un nouvel équipement léger, diversifié, adapté (lithique et osseux) s'est transmis et partagé durant l'Holocène.

 

L'Aurès, le Khanguet Si Mohammed Tahar (KSMT) et la grotte Capelletti.

Les Nemencha, le Kel El Ahmar et le Damous el Ahmar (DEA) entre 6.000-3.000 cal BC.

Pastoralisme néolithique à travers le Maghreb Oriental d'après C. Roubet et al (1966-1979-2009) et E. Poty (1970)

 

La transmission de comportements traditionnels, liés au pastoralisme, est bien attestée au Maghreb oriental. Ce thème est ici l'objectif des notices concernant la période holocène.

L'Instauration dès 6.000 cal BC d'un pastoralisme montagnard en région atlasique orientale fut assurée par des populations métissées, descendantes des Hommes de Mechta-Afalou, ayant vécu en cohabitation avec d'autres populations, (celle-ci de Proto-Méditerranéens, de culture Capsienne cas du gisements de Médjez II), implantées dans les mêmes régions, au début de l'Holocène. Ce nouveau genre de vie pastoral, dont on ne connaît pas les débuts- conduisit ces pasteurs à s'éloigner des Hautes terres capsiennes, sétifiennes et constantinoises, pour gagner les montagnes et leurs refuges naturels dans l'Aurès et les Némencha d'abord.

L'étude de la gestion du bétail domestique a permis de préciser le fonctionnement des premiers troupeaux et le système adopté. La conception initiale du troupeau comme ressource vivant sur pied, renouvelable et entretenue, représente une gestion autarcique, un bien indivis, collectif ; cette conception s'est ensuite inscrite dans un autre système. C'est l'échange qui fut à l'origine de l'ouverture du système autarcique. Lors de leurs transhumances, les pasteurs rencontrèrent des individus nomades prédateurs, porteurs de biens rares. Ces biens matériels exceptionnels furent immédiatement convoités. L'adoption collective de principes de gestion et d'abattage contrôlés se mit alors en place dans l'Aurès, vers 5.000 cal BC, en réponse à des échanges permettant aux pasteurs d'obtenir ces nouveaux biens matériels et aux colporteurs d'acquérir des biens alimentaires issus de l'élevage. On peut désormais admettre qu'après tractations et échanges codés les pasteurs néolithiques reçurent les objets prestigieux qu'ils convoitaient (présents en grotte), contre de la viande ou un animal sur pied que demandaient les colporteurs (hypothèse de recherche à développer).

Un genre de vie préagricole a longtemps perduré. Des nourritures à base de farine sont attestées et déduites de la présence de glands doux du chêne ballote, issus de la glandée automnale. Les premières bouillies lactées furent consommées au KSMT.

Le mode de vie semi-nomade transhumant qu'attestent le Khanguet Si Mohamed Tahar de l'Aurès et le Damous El-Ahmar des environs de Tébessa dans les Némencha repose sur une documentation diverse, bien conservée en grotte. Durant la Néolithisation, l'Aurès et les Némencha sont devenus des terroirs-refuges pour les pasteurs. Ceux-ci conservèrent en grotte, sous la protection des Ancêtres inhumés, leurs biens de consommation stockés (premières-guélâa) et autres biens précieux accumulés, transmis de génération en génération. Ces « trésors archéologiques » représentent une ancestrale richesse communautaire oubliée que les fouilles archéologiques mirent au jour. Entre le VIe et le IVe millénaire cal BC la valorisation par les pasteurs eux-mêmes de leur statut social de leur mode de vie, de leur réseau social exceptionnel a contribué à répandre le pastoralisme dans les massifs de l'Atlas saharien (culte du bélier).

 

La Téfédest entre 7.000-4.000 Cal BC : Une société pastorale dans un Sahara vert d'après F. de Chasseloup-Laubat (1938), S. Hachi, M. Barbaza et al (2007)

 

Lorsque les représentations rupestres sont d'une qualité documentaire rare, le préhistorien devient narrateur et poète Ressusciter une atmosphère aussi délicatement suggérée et si bien conservée est un vrai bonheur.

En région saharienne où les ossements se conservèrent mal, le pastoralisme reste difficile à démontrer. En Egypte et en Libye entre VIIIe-VIIe millénaire, il a été attesté à partir de documents osseux. En Algérie saharienne, il se laisse le plus souvent appréhender par le biais de représentations gravées ou peintes. Celles-ci sont nombreuses, disséminées, non encore datées, avec une certitude suffisante.

Les bovins ont constitué avec les ovins les deux piliers d'une domestication animale incontestable, maîtrisée que durent favoriser ici aussi, comme en Libye, au VIIe millénaire, des conditions climatiques et environnementales propices au renouvellement de l'herbage. Les transhumances vers les plaines herbeuses verdoyantes ont été aussi indirectement envisagées à partir de documents de substitution que furent les œuvres mobilières sculptées en ronde-bosse trouvées en plaines (H. Camps-Fabrer 1966).

Les multiples dimensions de cet autre pastoralisme montagnard se déduisent d'une lecture analytique des œuvres gravées et peintes. Les troupeaux représentés se composent de plusieurs dizaines de têtes, ils sont conduits par plusieurs bergers suggérant une indivision de ce capital, des chiens accompagnent les hommes.

Les robes des animaux sont parfois mono- et bicolores, signes de mélanges des animaux, entretenus (cornage). Des races sont perceptibles. Mâles, femelles et petits sont réunis et leurs attitudes naturelles évoquent la quiétude et surtout un stade avancé de la domestication.

Des chasseurs munis de leur arc ne sont pas loin, comme pour signifier que des battues (mouflons et autruches) font partie du quotidien soulignant aussi que l'abattage des bêtes domestiques n'est pas fréquent. La notion de capital est ici aussi indirectement perçue. Aucune représentation de carnivore ne perturbe l'atmosphère.

La vie sociale est dépeinte avec précision et délicatesse. On ne décèle pas la présence d'adultes malades, âgés, ni de bébé. Pourtant quelques jeunes gens entourent les adultes (près des troupeaux, dans des cérémonies). Ce sont les attitudes et l'accoutrement léger qui parlent le mieux des corps sveltes et musclés, des traits fins et nets du visage, tantôt de Négroïdes (mélanodermes) tantôt d'Europoïdes (leucodermes). Une société composite est attestée sans ségrégation.

Mais l'attention de l'observateur aura été touchée par le raffinement naturel qui émane de ces individus. La sveltesse et la gracilité de ces personnes de haute stature sont rehaussées de parures voyantes et ouvragées ne faisant pas ressortir une musculature d'athlète, mais la soulignant plutôt discrètement. Les parures d'un quotidien n'entravent pas l'action, présentes dans la chevelure, aux oreilles, au cou, aux bras et aux jambes, elles soulignent la taille, le buste ferme mais plus encore le rang social. L'habillement se compose de voiles légers longs ou courts. Il ne s'agit alors pas forcément d'évocation d'un quotidien mais plutôt d'évènements particuliers et conviviaux, laissant apparaître l'individu libre et paré avec délicatesse. Le féminin est magistralement installé dans ces scènes.

Baignant dans une atmosphère aussi paisible et raffinée, ces individus ne manifestent pas de signes d'inquiétude, de craintes pour leur bétail, ni d'appréhension pour leur devenir. On ne saurait envisager leur quotidien qu'à travers ces instants de grâce, autre chose de leur mystérieuse existence nous échappe qui n'est pas même perceptible aujourd'hui et que la vie matérielle issue des fouille ne suggère pas.

Tout comme la lecture de type anthropologique faisant appel aux enseignements de C. Lévi-Stauss, aux mythologies et cosmogonies touarègues, de la fresque de Tin Hanakaten (Tassili n Ajjer) publiée dans Etudes et documents berbères, permet de postuler que les systèmes culturels se sont constitués dans la diachronie et ont necessité une grande profondeur historique pour, tout à la fois, évoluer et reproduire des invariants. G. Camps et S. Chaker avaient vivement recommandé la publication rapide de cette étude.

 

Venant à l'appui de ces informations voici pour chaque gisement de référence présenté ci-dessus des données spécifiques précises.

 

 

Documents annexes en relation avec les exemples présentés

Cas d'Afalou bou Rhummel

  1. Relation entre le Tell et la mer. Massif truffé d'abris (Tamar Hat, Taza, etc.), la Grotte d'Afalou Bou Rhummel (ABR) : site de référence. Depuis 22.000 cal BC (Pleistocène supérieur) diversité et renouvellement des ressources naturelles, mais modification de l'étendue de la plaine côtière et du couvert végétal.
  2. Aspects du milieu sédimentaire ABR : stratification ininterrompue bien conservée sur sept mètres de dépôts. Nouveaux résultats concernent les niveaux supérieurs. Datations (charbons brûlés) d'ABR entre 15-11.000 cal BC associées à celles de la grotte des Pigeons à Taforalt (référence du Maroc oriental) conservant le même contenu archéologique et anthropologique, daté entre 22-11 000 cal BC.
  3. Tous les dépôts se rapportent à une culture en évolution : l'Ibéromaurusien. Vie privée : organisation de l'espace domestique : foyers construits ; diversité des équipements fabriqués in situ (déchets et outils lithiques, osseux, armatures, équipement de transformation). Nourritures issues de collectes (déchets halieutiques et terrestres, ossements d'animaux piégés, capturés) et de chasses préférentielles au mouflon.
  4. Aspects d'anthropologie physique : individus masculins et féminins constituant le binôme du type de Mechta-Afalou, Cro-Magnons africains (ABR site éponyme). Avulsion dentaire au maxillaire. Disharmonie cranio-faciale typique.
    Aspects d'anthropologie sociale : nouvelle perception du domaine funéraire (S. Hachi 1999) ; essai d'interprétation des deux niveaux d'inhumations : groupe supérieur rassemblant de nombreux individus (C. Arambourg 1927); groupe inférieur composé de quelques individus réunis dans une anfractuosité (S. Hachi 1983-1985). Inhumations singulières de deux individus allongés, accompagnés d'offrandes, dont un installé au centre d'un dallage, porteur d'un d'objet de prestige et pouvoir. Rôle des colorants. Avulsion dentaire perçue comme un trait culturel collectif. Sépultures des élites et inhumations collectives évoquent une vie sociale, publique, complexe, entretenue, transmise.
  5. Activités créatrices : premiers modelages en argile cuite de figurines zoomorphes et anthropomorphes. Perception symbolique de l'animal vivant, sans lien avec la chasse, ni la mort.
  6. Rôle complexe d'ABR dans le terroir des Babors : sanctuaire emblématique constitué par des élites de Mechta-Afalou, traitées avec considération (offrandes et insigne de pouvoir). ABR représente avec Taforalt, au Maroc, deux nécropoles multimillénaires, fédératrices des communautés pan-maghrébines de l'Ibéromaurusien.
  7. Reprise des travaux et des recherches, nouvelles orientations (ADN envisagé).
  8. Mots-clés : Babors, Mechta-Afalou types, nécropole, Ibéromaurusien, figurines, modelage, offrandes, structures sociales, colorants, microlithes géométriques, micro-burin (technique), mouflons, aménagements au sol.

 

Cas du Khanguet Si Mohammed Tahar : grotte Capelletti et du Damous el Ahmar

  1. Aurès-Némencha, massifs calcaires atlasiques, bordés de lagunes d'eau douce et de bassins salés, chotts. Nombreuses cavités. Aurès : Khanguet Si Mohamed Tahar (KSMT) : Grotte Capéletti et Némencha : Damous el Ahmar (DEA) : sites de référence. Maintien d'un enneigement hivernal, d'un pastoralisme semi-nomade, de relations annuelles montagne, plaines, lagunes.
  2. Aspect naturel : stratification de trois mètres de dépôts bien conservés, dissolution des calcaires, apports éoliens (KSMT : 1968-70, DEA : 1966, 1970). Datations réunies (charbons brûlés) entre 5.977-3.025 cal BC.
  3. Tous les dépôts se rattachent au Néolithique atlasique de tradition capsienne en évolution. Vie privée :
    KSMT : terrain escarpé, boisé, « nid d'aigle » creusé dans une falaise, espace exigu, malcommode, obscur, pas d'aménagement, un foyer non construit et une importante poubelle continuellement comblée.
    DEA : deux abris mitoyens et une grotte creusés dans un kef, situé dans une forêt clairière, abris spacieux, éclairés, ayant niches, recoins, banquettes accessibles et un couloir isolé dans l'Abri n°2. Véritable « résidence avec dépendances mitoyennes ».
    Diversité des équipements hérités de la culture Capsienne, façonnés sur place (déchets de matières premières non locales, panoplie d'outils intacts lithiques et osseux ; vases, coupes, bouteilles réserve d'eau, équipement de transformation par broyage, armatures, objets de parure, colorants etc.). Présence d'objets intacts, rares, étrangers (DEA : rangés dans des niches).
    Diversité des nourritures : issues de l'élevage (moutons, chèvres et bovidés), de collectes (végétaux, fruits, gastéropodes-hélix, œufs d'autruches, tortues, oiseaux), de chasses (sangliers, gazelles). Saisonnalité des occupations (printemps-été-automne).
  4. Aspect anthropologique d'après DEA : installation de 4/5 inhumations dans le couloir de l'Abri n°2. Caissons individuels réalisés avec des dalles-meules. Individus métissés, Mechtoïdes, d'ascendance Mechta-Afalou. Perte de la pratique de l'avulsion dentaire.
  5. Activités de pasteurs d'ovins-caprins-bovins, sans chien. Semi-nomadisme transhumant entre le massif et ses piémonts assurant des collectes intégrées intentionnelles (silex, galène), auprès des lagunes (sel, œufs, antilope, gazelle) ou non (macro-restes végétaux de zones salines, piégés dans les toisons).
    Vie publique hors des massifs entretenue avec des colporteurs chargés d'éléments exogènes, insolites, exceptionnels, dotés de prestige (spécialistes) : haches, herminettes polies en roches vertes, très grands couteaux en silex blond, coquilles marines (parure), godets à fard. Mise en place d'une communication spéciale interne (surveillance des troupeaux) et externe en vue d'un système d'échanges codés, d'une extension du réseau social.
  6. Rôle des grottes : habitats saisonniers en altitude occupés par des pasteurs Mechtoïdes et Proto-Méditerranéens héritant d'une culture capsienne. Nécropole communautaire dans les Némencha.
  7. Evaluation et réactualisation de la documentation à poursuivre à partir de nouveaux travaux.
  8. Mots-clés : pastoralisme, domestication animale, semoule de glands doux, chêne ballotte, tortue, pendentifs, échanges, haches et herminettes polies, matériel de broyage, colorants.